Les inventaires, missions et suivis scientifiques permettent d’améliorer les connaissances sur les espèces et milieux présents sur l’île. Déterminer les espèces et les milieux les plus sensibles, suivre leur évolution, identifier les mesures réglementaires ou actions à mettre en place et vérifier l’efficacité des mesures prises, fait partie des objectifs de ces suivis.
Ces suivis visent à contrôler l'évolution des habitats et des populations qui les composent et les habitent. Les herbiers de phanérogames et le récif corallien sont les deux principaux habitats suivis. Certains suivis sont réalisés avec des spécialistes ou des bureaux d’études. D’autres sont réalisés en interne ou avec l’aide de bénévoles.
Débuté en 2018, le suivi Reef Check utilise un protocole standardisé, déployé dans le monde entier avec l'appui de bénévoles. Trois stations récifales sont suivies chaque année grâce au soutien technique de l'association V-REEF basée en Guadeloupe et à la participation de plongeurs de l'île.
Commun à toutes les réserves naturelles Françaises aux Antilles, ce suivi évalue l’état de santé d’herbiers de phanérogames marines et de récifs à l’intérieur et à l’extérieur de la réserve. Trois stations récifales et deux stations d’herbiers de phanérogames sont ainsi suivies chaque année.
Mis en place depuis 2002 par Claude et Yolande BOUCHON, professeurs émérites à l’Université des Antilles, ce suivi a permis de mettre en avant « l’effet réserve » c’est-à-dire l’impact positif qu’a eu la mise en réserve naturelle de certaines zones.
En effet, les résultats ont mis en avant que la richesse spécifique, les effectifs de poissons et la biomasse étaient supérieurs en réserve que hors réserve. Malheureusement pour les coraux les résultats confirment le déclin général qu’ils subissent dans la région caraïbe. L’abondance des colonies coralliennes a diminué, de même que le taux de couverture des fonds notamment sous l’effet de la maladie corallienne liée à la perte des tissus (SCTLD) et des épisodes de blanchissement corallien.
Bénéficier d’une cartographie à jour des habitats marins est indispensable afin de surveiller leur évolution. Cela permet d'identifier les zones les plus sensibles et d'alerter lorsqu’un projet risque de les impacter. La dernière cartographie datant de 2013, en 2023 une nouvelle cartographie a été réalisée pour les fonds de 0m à – 18 m et est en cours pour les fonds de -18m à -30 m.
L’une des utilités principales de ces cartes est de permettre à chacun d’ancrer en dehors des zones sensibles notamment par le biais de l’application DONIA.
Tous les mois la qualité des eaux des baies de Petit et Grand Cul-de-sac, de Marigot ainsi que celle des étangs de ces zones est contrôlée par un agent de l’ATE. Ce suivi vise à s’assurer de la bonne qualité physico-chimique de ces milieux, d’alerter en cas des résultats inhabituels et d’identifier les éventuelles causes de pollution. Un sujet par ailleurs abordé concernant Grand Cul-de-sac par Jason FRANCHET lors de son stage en 2023, mis par écrit dans son rapport de stage.
Saint-Barthélemy est doté d’une station d’épuration traitant les rejets d’assainissment de Gustavia. Avec l’appui d’un bureau d’étude, l’ATE suit l’évolution de l’état de santé des peuplements benthiques et de la qualité du milieu dans la zone d’incidence du rejet.
En partenariat avec Reef pulse, deux hydrophones ont été installés sur deux zones récifales autour de l'île.
Ce matériel permet d'enregistrer les sons émis par la faune récifale (poissons, crustacés, mollusques, coraux...) ainsi que l'activité humaine sur le site, on parle de "paysage sonore". Cette écoute dure un an, à l'issue de cette période les enregistrements seront envoyés à une société partenaire située à la Réunion- spécialisée dans l'étude des sons aquatiques avant que les hydrophones ne soient de nouveau remis à l'eau pour un an.
Les informations recueillies permettront de comprendre quelles espèces peuplent nos récifs, les variations et fluctuations visibles tout au long d'une année (cycle circadien (jour/nuit, cycle lunaire, période de l'année...), afin d'avoir une idée du peuplement de nos récifs et des phénomènes pouvant l'impacter. Le tout raconte l'histoire du récif tout au long de la période écoutée.
Par la suite, certains enregistrements épurés des bruits parasites, pourront être rediffusés sur des récifs en moins bon état, afin de les rendre plus attractifs pour la faune et les aider à se repeupler.
Plusieurs suivis sont réalisés régulièrement à Saint-Barthélemy : requins, raies, tortues marines… certaines espèces sensibles sont suivis régulièrement afin de surveiller l'évolution de leurs populations.
D'autres espèces sont dites indicatrices, leur présence ou absence sont des signaux d'alerte synonymes d'une perturbation du milieu, d'un déséquilibre ou d'une pollution particulière.
Ces suivis nous apportent des connaissances supplémentaires qui guident les décisions de l'Agence Territoriale de l'Environnement dans les actions de préservation de la biodiversité indigène et dans ses préconisations d'évolutions des textes règlementaires.
Ce suivi, réalisé avec l’association REGUAR, représentée par Océane BEAUFORT a permis d’identifier les principales espèces de raies et de requins qui fréquentent nos eaux et de suivre leur abondance, leur état de maturité, période de reproduction, zone de pêche d’aujourd’hui.
Ce suivi a permis de mettre en place des mesures de préservation à travers la réglementation de la pêche dans les eaux de Saint Barthélemy.
Les plages de Saint-Barthélemy accueillent chaque année des pontes de tortue marine (tortue verte Chelonia mydas, tortue imbriquée Eretmochelys imbricata et occasionnellement la tortue Luth Dermochelys coriacea).
Ce suivi, essentiellement composé de volontaires, consiste à arpenter la plage tôt le matin, avant la fréquentation, pour relever les éventuelles traces de ponte ou d’émergence. Chaque espèce de tortue laisse une trace différente sur le sable en fonction de la façon dont elle se hisse sur la plage jusqu’à sa zone de ponte; qui diffère là aussi selon les espèces, allant de la pleine plage pour la tortue Luth à la végétation de bord de mer pour la tortue imbriquée.
La localisation exacte du nid permet de le protéger en le balisant le temps de l’incubation; Mais également, une fois l’émergence passée, de permettre aux agents habilités de l’ATE de creuser le nid et de calculer le taux de réussite du nid. Ce résultat nous permet de suivre la qualité des sites de ponte et d’identifier d’éventuelles dégradations d’origine naturelle (fortes pluies, houle cyclonique) ou anthropiques (feu sur le sable, circulation avec des engins, urbanisation, etc).
Ce suivi est le résultat de 154 prospections qui ont permis d’identifier plus de 500 tortues vertes évoluant autour de l’île. Cette identification s’est basée sur des critères anatomiques qui s’enrichissent au fil des ans. Ce suivi donne à voir les tranches d’âge, l’état de santé ou les blessures de ces tortues.
Grâce à Mayalen Zubia et Christophe Vieira, un premier inventaire des algues a pu être réalisé dans nos eaux. L’un des objectifs de cet inventaire est d’identifier parmi les espèces celles présentes celles dont la prolifération indique une pollution.
Le lambi est l'une des espèces les plus pêchées dans la région Caraïbe. En charge de la gestion de la ressource halieutique, l'ATE a mis en place un suivi destiné à l'évolution des stocks de lambis dans les eaux de Saint Barthélemy.
Les mammifères marins présents dans nos eaux ne font pas l’objet d’un suivi en routine mais chaque observation est enregistée.
Espèce, zone, nombre d’individus, comportement…toutes ces informations sont importantes pour améliorer les connaissances sur ces géants, n’hésitez pas à nous les retransmettre si vous avez la chance d’en croiser.
Dans le cadre du projet CARI’MAM piloté par le Sanctuaire AGOA, Saint-Barthélemy a été retenu comme site pilote pour le déploiement d’hydrophones destinés à enregister les sons des mammifères marins. Le traitement de ces enregistrements est en cours.
La baie de Grand Cul-de-Sac, qui fait partie de la Réserve Naturelle marine, abrite l’un des récifs coralliens les plus étendus de l’île. Quasiment monospécifique ce récif de corail Corne d'élan (Acropora palmata) a fait l’objet d’un suivi innovant grâce à la photogrammétrie, une technique permettant d’obtenir, avec une précision centimétrique, la position, la taille et le volume exacts du récif, à la fois dans son ensemble et au niveau de chaque colonie.
Reconduit dans le temps, ce suivi offrira la possibilité de :
→Cartographier les zones en progression ou en régression,
→Identifier leurs causes et leur vitesse d’évolution,
→Documenter et illustrer l’impact de phénomènes tels que le blanchissement corallien ou le passage des cyclones.
Découvrez la modélisation 3D de ce récif.
Depuis 2023, une thèse est réalisée par Anaïs COULON -Doctorante en Géographie, spécialisée en gestion des catastrophes et risques naturels, sur les littoraux de l'île. Plus particulièrement, ce sont les plages de l'île qui sont étudiées : leur évolution, leur érosion et leurs causes. Ceci afin d'orienter par la suite l'Agence Territoriale de l'Environnement sur les actions à mener pour freiner l'érosion des plages de Saint-Barthélemy.
Ce sujet avait déjà été abordé lors d'un stage en 2016 dans nos murs par Maud Le NAGARD et mis en lumière dans son rapport de stage.
Un inventaire continu, enrichi par des missions ciblées, recense aujourd’hui plus de 2 700 taxons (1 985 animaux et 715 végétaux, mise à jour décembre 2024). Ce travail met en lumière la richesse biologique de l’île et l’importance de son suivi.
Suivi depuis 2011 par Capture-Marquage-Recapture, 758 individus ont été marqués, fournissant des données clés sur leur biologie et leur répartition. Mais les menaces sont lourdes : 55 morts causées par les animaux domestiques (16 %), 247 par les véhicules (73 %) et 7 par d’autres causes humaines (2 %).
Espèce la plus menacée de l’île, la couleuvre reste mal connue malgré son enjeu de conservation majeur. Son suivi associe transects, comptages ciblés et observations opportunistes, complétés par des données écologiques (reproduction, alimentation).
Cinq espèces sont recensées, avec des tendances souvent à la baisse. La fréquentation croissante des grottes et abris par le public est une cause importante de ces déclins. Un rapport a été rédigé mais n’est pas publié afin de protéger les sites sensibles.
Suivis chaque mois depuis 2011, ils montrent une chute du nombre d’individus et de la richesse spécifique. Cette tendance met en évidence la fragilité des zones humides et la nécessité de renforcer leur protection.
Rapport sur l'Évolution décennale des oiseaux d'eau à Saint-Barthélemy (Petites Antilles) 1999 à 2024
Comptés chaque année depuis 2011, leurs effectifs progressent nettement (1 122 en 2023, 1 374 en 2024) malgré un suivi réduit. Les colonies montrent une dynamique positive mais nécessitent une surveillance constante.
Toute l’année, les agents de l'ATE parcourent les secteurs les plus naturels de l’île — Morne de Grand-Fond, pointe de Gouverneur, ancien ranch de Flamands, Morne de Petite Saline, Grand Colombier, etc. — pour cartographier la flore de Saint-Barthélemy. Ces prospections recensent arbres, arbustes et herbacées, détectent apparitions et disparitions d'espèces, et documentent les saisons de floraison et de fructification. Nous collectons aussi des graines pour la pépinière et les projets de reproduction puis réintroduction d'espèces. Quand une espèce de la faune remarquable est rencontrée, elle est signalée et cartographiée sur Inaturalist (voir “Agir en participant au quotidien”).
Par relevés en quadrats sur les secteurs denses, nous mesurons l’état de la population (adultes, jeunes et mortalités) de Melocactus intortus, aussi appelé « Tête à l’Anglais ». Les mesures de la mortalité quantifient l’impact de la chenille du papillon Cactoblastis cactorum et du pâturage par les cabris.
À Grand-Fond, nous combinons les prises de vue par drone (2–3 fois/an) de la végétation globale de la plage et le suivi bimestriel d’individus de Tournefortia gnaphalodes (appelé Romarin blanc bord-de-mer). L’objectif : visualiser l’évolution du tapis végétal face aux aléas météo, à l’urbanisation et à la pression de la chenille d’Utetheisa pulchella sur les Tournefortia g. Cette double approche, à la fois panoramique et au plus près des plantes, permet d’évaluer des mesures de conservation littorale à mettre en place.
Chaque année, l’Aire éducative terrestre du Fort Carl accueille de nouvelles plantations d’espèces indigènes. Les agents de l'ATE suivent finement la reprise, la croissance et à terme la phénologie (cycles des floraisons/fructifications) de chaque taxon afin de calibrer les conditions idéales de restauration (sol, exposition, arrosage, soins). Ce site implique les jeunes et le public, sensibilise et sert de laboratoire à ciel ouvert pour améliorer nos pratiques de reverdissement et de réintroduction. Les suivis individuels des espèces améliorent nos connaissances sur chacune d'entre elles.
Par ailleurs, de novembre à février — période la plus propice à leur enracinement — nous menons des plantations dans divers secteurs de l’île, grâce aux plants issus de la pépinière ou des écoles. L'objectif est de reverdir les secteurs les plus impactés et de recréer des habitats adaptés à la faune sauvage.
Depuis 2022, sont menés des essais de germination pour mieux comprendre le pouvoir germinatif, les délais de levée et les méthodes de stockage adaptées aux espèces indigènes. Certaines graines exigent un semis rapide après récolte, d’autres se conservent plusieurs années : nos protocoles distinguent ces cas et optimisent la multiplication pour l’appui aux plantations et réintroductions. Au final, ces tests transforment la connaissance fine des espèces en gestes concrets de conservation sur le terrain.